Afrique du Sud : 4 entrepreneurs au pays de l'arc-en-ciel
Hein, quoi ? Où ? Comment ça derrière moi ? Mais non vous devez vous tromper !
Nous voici en Afrique, dernière étape de notre tour du monde.
Avant de vous raconter notre périple ici, tout d'abord vous présenter 4 acteurs que nous avons rencontrés et qui nous ont époustouflés.
Kevin : MES - offrir de réelles opportunités aux plus démunis de Johannesbourg
Si l'Afrique du sud est un pays aujourd'hui violent, Johannesbourg est au coeur de cette violence, et le quartier de Hillbrow au coeur du coeur de cette violence. C'est d'ici que Kevin va nous promener dans la ville et nous faire découvrir l'organisme chrétien MES (Metro Evangelical Services). Le cycle infernal de la pauvreté et de la violence ne peut être rompu sans solution complète.
Quand on n'a ni de quoi manger, ni de quoi dormir, ni éducation, ni perspective … la misère et la violence sont souvent proches. Alors MES propose à certains un projet incroyablement complet. Une entité s'occupe des formalités administratives pour aider leurs « clients » comme ils les appellent ici dans leurs relations avec l'administration, une autre gère un centre de logement social, une autre un programme de formation adapté (anglais, informatique, gestion de base …) permettant une employabilité rapide, une autre un atelier de confection de sacs à base de plastiques récupérés, une autre un hôpital et une crèche …
Chaque client est sur un parcours, suivi individuellement. Dans les classes, l'auditoire est studieux. Ici comme ailleurs, nous découvrons qu'apprendre est un privilège.
Et que bénéficier d'une structure de soins, de lits et d'espaces humanisés est juste essentiel et encore inaccessible à beaucoup.
www.mes.org.za
Tamzin : le professionnalisme au profit d'une ambitieuse plate-forme sociale
Avec un charmant sourire, Tamzin nous a reçus chez elle pour nous faire découvrir GreaterGood. Après la chute de l'Apartheid, nous dit elle, beaucoup voulaient donner, participer à la reconstruction du pays, mais ne savaient comment. Le talent de Tamzin, c'est de réunir les gens, les besoins, les ressources. Elle a eu alors l'idée d'une plate-forme sociale, qui s'appuie aujourd'hui, mais pas uniquement, sur un site internet. GreaterGood collecte d'un côté des fonds, des expériences, des heures de bénévolat, des idées, des objets et vêtements usagés et de l'autre côté les besoins sociaux si nombreux dans le pays.
Elle organise la rencontre. Créée en 2004, l'organisation se développe vite, et les chiffres sont aujourd'hui impressionnants : plus de 2 millions d'euros collectés, 50 000 heures de bénévolat, 275 000 objets et vêtements distribués, et aussi 16 000 sociétés impliquées et conseillées dans leur investissement social…
Tamzin est aujourd'hui reconnue internationalement et s'emploie à développer son idée dans de très nombreux pays. Elle demeure simple, généreuse, sans calcul, accessible …
Volker : L'incroyable projet de Bulembu au Swaziland
Volker a réussi dans les affaires, et, à 45 ans, a décidé de s'arrêter de « travailler » pour s'occuper ... des autres. Il n'a en fait jamais autant travaillé que maintenant. Avec quelques amis, sensibilisé à l'impitoyable déclin d' un village du Swaziland, Bulembu, ancienne ville minière, et au destin tragique de ses très nombreux orphelins (surtout en raison du sida, le Swaziland comptant le taux de population atteinte le plus fort au monde), Volker a conçu ce projet comme une entreprise.
D'abord il a « acheté » la ville, et depuis 5 ans maintenant il bâtit un orphelinat de qualité, digne, offrant des perspectives à ces enfants. Pour le financer, Volker collecte des fonds notamment du Canada où il réside 6 mois par an, mais surtout il élabore des projets rentables à Bulembu pour accéder dans quelques années à l'indépendance financière.
Ainsi un lodge accueille désormais les touristes, du miel sort des ruches, du bois des forêts voisines est géré de manière durable … 180 enfants y vivent aujourd'hui, l'objectif de Volker est de 2000 enfants en 2020 avec une autonomie financière complète ...Là encore, professionnalisme et altruisme vont de paire.
www.bulembu.org
Charles : l'artiste social multi-récidiviste
Pour notre dernière interview, Charles sera probablement le plus déroutant et le plus drôle de tous les entrepreneurs que nous avons rencontrés. Lui n'agit pas par humanisme, ni par engagement religieux, mais pour la beauté de l'art. Un artiste au profit ... des plus démunis. Ce qui l'intéresse, c'est de créer, d'innover, de voir ce que les autres ne voient pas, d'imaginer, de bâtir des projets, de vendre ses idées à d'autres qui les géreront ensuite, car Charles n'est pas un manager.
Alors Charles a regardé ces milliers d'hommes noirs au bord de la route qui tous les matins attendent un camion prêt à les embarquer pour un travail à la journée. Il les a regardés et lui a semblé que malgré leur nombre, personne ne les voyait. Il a voulu les rendre visibles; il a créé un site internet qui met en contact ces hommes avec des entreprises qui ont besoin de main d'oeuvre. Il a organisé et a rendu de la dignité à ceux qui n'étaient devenus que des bras occasionnels pour une ou deux journées. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont passées par son site.
Charles, en lisant les journaux tous les matins, a une dizaine de nouvelles idées par jour. Récemment, ayant remarqué que le football se développait fortement (coupe du monde oblige) et que sur la plupart des stades amateurs les arbitres étaient dotés de sifflets mais pas de cartons jaunes et rouges, il a créé des cartons "sociaux", bon marché, dont les bénéfices sont reversés à une oeuvre sociale et sur lesquels des entreprises peuvent faire de la pub.
Une autre idée de Charles en cours de mise en oeuvre : un musée des gangsters. Ici, dans ce pays d'hyper violence, il va ouvrir bientôt un musée qui décrit les gangs, les armes, les repaires, mais aussi les raisons de cette violence, ses conséquences, ses drames ... Probablement le musée le plus original du monde ... Il ne doute pas de la venue du public local.
Charles, un entrepreneur social "artiste" pas vraiment comme les autres. Son dernier message pour les Tamiloups : "surtout, ne prenez pas un job. Créez votre job, votre passion", heureusement que le Cned était terminé ...
www.employmen.co.za